La chambre de Basile était à l'image de son esprit : rangé, soigné avec un certain goût pour de vieux souvenirs disséminés sur des étagères. Ses murs étaient parsemés de pensées, de cours mais aussi de dessins qu'une certaine personne lui avait fait. Il ne parvenait pas à s'en défaire et à défaut ils faisaient une sorte de cocon dans lequel Basile s'y lovait. Ses affaires étaient pliées sur une chaise. Vu la chaleur des derniers jours, une tenue légère avait été disposée sur une chaise prête à être enfilée. Seth, son chien était roulé en boule sur son lit près d'un Basile tout endormi. Son frère cadet lui avait toujours dit qu'il avait beau ne pas être d'une taille immense, il bougeait et avait tendance à prendre de la place en dormant. Basile avait toujours dormi seul et avait l'habitude de chercher son confort dans ce lit à une place. Il s'était habitué à ce matelas plus dur que celui du domaine, mais au grand jamais il n'aurait pu dormir sans cet oreiller moelleux.  Il avait la notion du confort en sachant qu'un sommeil réparateur vaut mille victoires. L'oreiller de l'académie était resté à l'intérieur de l'armoire, il n'en voyait aucune utilité si ce n'est pour son chien quand il voulait dormir au sol.

Tout en dormant, il caressait son chien de temps à autre en bougeant ses doigts comme pour le protéger. Il rêvait qu'il était en mission, que l'ennemi avait l'avantage mais que grâce à l'effort conjoint de ses amis, la victoire se faisait plus décisive. "En avant ! " Son étendard claquait au vent, il fouettait au même rythme de tous ces sabots dévalant les collines comme un seul homme. Dans ses troupes, il y avait Judith, l'intrépide qui se battait avec une longue vue utilisée comme matraque, à ses côté Gabriel menait les troupes chevauchant un lion rugissant. Basile regardait de toute part, il ne voyait pas Wilfried. Il siffla son chien quand une voix semblant venir de loin retentit " Debout là dedans." Hein, on était déjà le matin. Son rêve s'effaçait alors que s'avançait Wilfried entouré d'amazones toutes plus jolies les unes que les autres.... Basile revint de son monde de songe pour se confronter à de nombreuses réalités douloureuses : la lumière le frappa au visage, des coups résonnaient... son chien couina comme pour montrer sa surprise. Basile dans tout ce bazar flottait entre rêve et réalité, il entendait parler d'entrainement... Y avait entrainement ? Il était en retard ? Le doute s'installa, puis la certitude l'emporta avec ce cri unanime sourd pour le moment " laisse moi dormir". Même sa gorge refusait de s'exprimer, c'était pour dire à quel point il lui était difficile de s'extirper de ses draps. Il glissa hors de la couette sous l'oeil complice de Seth qui bailla et dans une solidarité absolue se rendormit... Basile  avait conservé son oreiller en main, ouvrit la porte et le balança à la tête de Will en soufflant.

" ... T'as regardé l'heure ? T'as fait un mauvais rêve... Bon j'arrive" grogna t-il. Il reprit son oreiller qu'il traîna au sol comme si ses bras n'étaient pas de taille à soulever un poids pareil. Basile claqua la porte sans chercher à plus discuter, c'était vraiment un autre homme au lever. S'il était tardif au lever, il se préparait en temps record. Comme il préparait tout la veille, il n'avait qu'à suivre les étapes pour sortir dans un temps record. Les traits encore tirés, il rouvrit sa porte dans sa tenue, prêt à affronter les fortes chaleurs. En vérité, il adorait s’entraîner qui plus est avec un de ses meilleurs amis. Le démarrage avait été chaotique, mais maintenant qu'il avait son épée autour de la taille ; il était prêt. Son chien voyant qu'il était décidé à partir jappa avant de trottiner à sa suite. Dès qu'il vit Wilfried, il fit la fête en tournant autour de lui comme si toute la léthargie qu'il avait montrée tout à l'heure n'était qu'un leurre. Ce chien était vraiment une pile quand il voulait.

" Bonjour Will, tout va bien ? Tu es bien matinal pour un entrainement ? Quelle fille souhaites-tu impressionner, dis moi tout" le taquina t-il en souriant tout en lui emboîtant le pas. Basile était bien plus réveillé que tout à l'heure, l'ours mal léché avait laissé place à un jeune homme calme et taquin.