Alors que le soleil se dresse au-delà des pics montagneux qui découpe l'horizon, il y a comme un changement d'atmosphère à Garreg Mach. Beaucoup trop tôt pour certains tandis que les autres s'empressent probablement à se rendre à leur cour si on doit en juger par le bruit des bottes qui cognent à répétition contre le sol de marbre. Mais hors de petit bruit de fond qui vient de temps à autre briser le silence, la sérénité des lieux paraît surréel. C'est environ à cet heure que les premiers rayons de soleil du printemps illuminent paresseusement la bibliothèque de Garreg Mach, se reflétant aux particules de poussière dans l'air qui se dégage des centaines de vieux tomes sur les étagères, des tapis mal entretenu et du vieux plancher de bois. C'est à jurer que l'endroit est volontairement mal entretenu pour lui offrir un air plus ''antique''. Honnêtement, c'est ce qui rend cet endroit si magique.

Entre les grandes bibliothèques, dans le fond de la grande pièce au pied d'une fenêtre qui donne sur l'extérieur, une grande table y a été déplacé par la nouvelle responsable. Sur la surface lustrée, plusieurs libres y ont été déposés, formant un espèce de mur qui cache la jeune étudiante qui ronfle paisiblement face contre un livre qu'elle a tentée de terminer la veille. C'est en se retournant que les lueurs timides du matin arrivent enfin à venir flatter ses paupières. Un petit geignement plaintif s'échappe de ses lèvres, sa tête se retournant instinctivement avec une légère grimace. Elle cligne lentement des yeux, se redressant enfin tout en s'étirant longuement, ne pouvant retenir un long bâillement aigu qu'elle ne cherche même pas à couvrir. Elle met ses grosses lunettes rondes sur son nez et regarde autours d'elle, les yeux légèrement plissés. Comme si elle cherchait à se resituer, tel un ivrogne qui se réveille dans un endroit fort inconnu, sans caleçon, suite à une nuit et fête bien arrosée.

Alors que son regard se dépose sur la vue magnifique qui lui est offerte à l'extérieur, elle pousse un petit soupire et se relève. Elle a encore lu jusqu'à en tomber de fatigue, il semblerait. À cet heure-ci, elle a sans doute déjà manquée son cours du matin. Tant pis! Autant se mettre au boulot tout de suite avant que les lieux commencent à se remplir. Comme ça elle aura du temps à elle seule pour retourner à ses livres.

Sa routine matinale consiste en plusieurs choses: Faire l'inventaire, reclasser les livres dans leurs sections appropriés, replacer les ouvrages feuilleté par les autres élèves et laissés un peu partout dans la bibliothèque sur les chaises, tables, meubles... N'importe quelle surface plate, en fin de compte. Et finalement, juger les choix de lecture des autres. La première et deuxième tâche ne prennent généralement que très peu de temps. Autant la plupart de ces gens sont barbaresques, la très grande majorité des fréquents visiteur sont assez respectueux des lieux pour ne pas remettre les choses n'importe où comme le ferait un paysan de bas étage. Néanmoins, cette courtoisie ne s'étend pas au-delà de l'effort minimum. La troisième tâche est toujours la plus longue pour cette raison. La très grande majorité des élèves ici sont des gosses de riche, alors bien entendu qu'ils ne feront pas le travail de ceux qui sont payés pour à remettre les choses à leur place. C'est pour cela que la quatrième tâche est très importante. Il faut bien trouver un moyen de passer le temps et se défouler, non?

Debout sur une échelle, tenant plusieurs ouvrages sous son bras, elle s'arrête soudainement. Et bien, voilà un livre qui a l'air intéressant... un tome sur les recettes folklorique de Gloucester. Son intérêt piqué, elle dépose le reste des livres sur une des étagères et du haut de son perchoir, commence à lire. Pendant des minutes, puis des heures... Elle ne remarque même pas qu'elle y est depuis tellement longtemps que le soleil a dépassé son zenith depuis un bon moment et que les élèves ont déjà commencés à aller et venir dans la bibliothèque.